Le 25 octobre
2005
L'Azerbaidjan
remplace l'or noir par l'or blanc
Le président
Alyev l'a annoncé : le pays disposera
bientôt de sa première usine à
ski mécanisé. C'est le cabinet
d'architecte Vibert et Chambre, de Chambéry
(France), qui a eu le douteux privilège
d'appliquer dans ce petit pays caucasien le
savoir-faire français en matière de
destruction de paysages sauvages et de tourisme
insupportable. Bien sûr, l'association France
Neige International est de la partie, c'est cette
officine, créée en 1984 pour «
promouvoir la montagne française à
l'étranger » (en fait, exporter les
techniques des bétonneurs français),
qui s'est chargée de faire la prospection
dans un pays plus réputé pour sa
corruption que pour son respect de
l'environnement.
L'ouverture de la
station est fixée pour la saison 2006, dans
la région de Qusar, à deux heures de
voiture au Nord de Bakou, la capitale. L'endroit
est pour l'instant, et pour peu de temps encore,
vierge d'équipement, on n'y trouve que
quelques hébergements pour alpinistes (on
peut y pratiquer notamment la cascade de glace). Le
projet prévoit l'installation de 5 000 lits
touristiques et d'une quinzaine de remontées
mécaniques, après construction d'une
route pour l'instant inexistante. Bien sûr,
les canons à neige sont prévus
dès l'origine sur un site situé entre
1 600 m et 2 800 m d'altitude et peu
enneigé.
Dans un article
publié dans le journal « Eco des Pays
de Savoie » (édition du 16 septembre
2005, pp.14-15), Xavier Chambre invo-que la
nécessité « d'inciter (les)
habitants (de Bakou) à venir prendre l'air
frais » en été. C'est se moquer
du monde ! Si le public visé est le touriste
estival, il n'est pas besoin de terrasser des
pistes, construire des remontées
mécaniques et installer des canons à
neige ! On notera l'embarras du promoteur,
conscient de la désaffection actuelle pour
le ski mécanisé, mais qui doit
cependant justifier l'investissement de 50 millions
d'euros consacré à cette
opération immobilière. On peut
d'ailleurs se demander quelle part de cette manne
reviendra aux populations locales (et combien sera
affecté au financement des officiels
corrompus !).
Une fois encore, au
lieu d'aider un pays à faire fructifier ses
atouts en matière de tourisme compatible
avec la protection de l'envi-ronnement, à
valoriser ses espaces protégés
(à Qusar, Gabala et Ismaylli, notamment),
à intégrer les habitants de la
vallée dans une économie
équitable, la France préfère
donner son appui à un projet aux impacts
environnementaux et sociaux lourds de
consé-quence, un de ces projets qui ont
rendu tristement célèbre dans le
monde le concept de « station à la
française ».
Mountain Wilderness
ne peut que dénoncer ce projet, qui vise
à reproduire, dans un pays
préservé qui mérite mieux que
cela, les recettes qui sont en train de faire
faillite chez nous. Un autre mode de
développement est possible, des actions
comme celles menées en Géorgie
voisine par MW Allemagne et MW Suisse le
prouvent.
Contact presse :
coordination@mountainwilderness.org
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