Un panneau signale
200 habitants (+1 +1, deux naissances
récentes). Aucun signe de vie, à
peine deux bâtiments qui se font face, un
magasin "trouve-tout" et un pub, posés au
milieu de nulle part, disons du désert. 47
degres, on entend les mouches voler. C'est sous
terre qu'il faut chercher, c'est là que tout
se passe à White Cliffs. On vit dans les
"dug-outs", ces trous plus ou moins
sophistiqués qui assurent une
température agréable toute
l'année. On travaille dans de
véritables labyrinthes sous-terrains,
à la recherche de l'opale.
Loin de la
touristique Coober Peddy, White Cliffs est
aujourd'hui la contrée de chercheurs d'opale
sans doute la plus authentique du continent. Les
visiteurs y sont rares car seule une piste de sable
permet de s'y rendre. A la première grosse
pluie, la piste est impraticable et White Cliffs
est isolée. Les performances en
matière d'infrastructure et de transport
réalisées à Sydney dans la
fièvre des jeux paraissent soudain bien
insignifiantes. Ici, les fonds manquent, et la
folie dépensière des jeux de Sydney
en froisse plus d'un dans cette partie
reculée de l'Australie. Pour les
australiens, White Cliffs est le bout du monde.
Pour les habitants de White Cliffs, c'est la
fierté de vivre dans la tradition des
pionniers qui y découvrirent l'opale
à la fin du 19ème siècle. Mais
à l'époque, White Cliffs connaissait
sa période de gloire, avec une population de
4000 habitants en quête de fortunes rapides.
Aujourd'hui, la pierre est plus rare et de White
Cliffs, il ne reste guère plus que son pub
et son magasin, ses quelques habitants et
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panneaux solaires pointés vers le ciel : la
première station-test de ce type au monde,
installée en 1979. Une fois de plus, ce qui
fit de la ville une pionnière n'est plus. La
station s'est endormie, dépassée par
les dernières technologies en matière
d'énergie solaire. Bill Finney,
l'ingénieur néo-zélandais
responsable de la station depuis 1986, a
décidé de rester. Il est le gardien
de ces grands miroirs. Il rêve du jour
où la station retrouvera sa grandeur. En
attendant, il joue au solitaire sur l'ordinateur
central. White Cliffs est oubliée, au point
que même la police n'y réside pas, le
bureau le plus proche se trouvant à une
centaine de kilomètres. La communauté
a ses règles que chacun doit
connaître. Quant au "maire", Graham, il se
rend à ses réunions dans la commune
voisine, Wilcannia, à bord du petit avion
qu'il pilote.
Aujourd'hui, les
habitants de White Cliffs doivent choisir : faute
d'opale, ce sont les touristes qui permettront
à la ville de survivre et la création
d'une route goudronnée, sans cesse
reportée faute de fonds, devrait les attirer
davantage. Il existe déjà un motel et
un bed & breakfast sous-terrains pour les
accueillir. Ce faisant, les locaux signeront aussi
la mort du dernier bastion authentique des
pionniers de l'opale.
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