AOUT 2003
:
Après quatre siècles
sous la coupe portugaise, 30 ans d'occupation indonésienne
sanglante et une indépendance acquise au prix le plus fort,
le Timor oriental sort enfin la tête de l'eau.
Tout est à
construire, parfois à reconstruire, tout est
à imaginer. Le peu d'infrastructures
existantes est en piteux état,
l'économie est au plus bas et le spectre de
la famine menace encore dans certaines
régions. Les lois du pays sont en train
d'être élaborées avec une
langue qui elle-même se cherche. Quant
à la situation politique, rien ne semble
moins acquis que l'actuelle stabilité dans
ce pays où la violence rythme depuis tant
d'années la vie de la population.
Et pourtant, la
toute nouvelle république
démocratique du Timor oriental, Timor Leste
(portugais) ou Timor Lorosae, accueille
déjà ses premiers touristes. Elle
s'est dotée d'un secrétaire
d'état pour le tourisme chargé de
réfléchir au développement
d'un tourisme « durable ». Le
modèle indonésien, avec son tourisme
de masse, est écarté ; d'autant que
la monnaie locale du Timor oriental est
le
dollar américain, si peu compétitif
avec la roupie indonésienne. Le gouvernement
timorais semble opter pour l'«
éco-tourisme » de luxe et regarde avec
intérêt le cas du Bhoutan.
Des agences
internationales proposent depuis peu des circuits
sur l'île, dans l'esprit « roots »
et découverte de l'autre, avec les moyens du
bord. Les premières agences locales ouvrent
elles aussi boutique et se concentrent sur les
atouts évidents du pays : la plongée,
la pêche ou le trekking sur le plus haut
sommet de l'île. La « Tourism
Association » crée en juin 2003, s'est
donnée pour principal objectif de
fédérer les différents acteurs
du tourisme et de promouvoir l'île en tant
que destination touristique.
Le Timor a sorti la
tête de l'eau. Parviendra-t-il à
émerger et à s'ouvrir au monde
extérieur ? Des enjeux de taille sont
aujourd'hui sur la balance. D'une part, le sort du
Timor est étroitement lié aux
négociations actuelles portant sur le
«partage» du pétrole qui gît
entre les côtes timoraises et australiennes.
L'Australie a la main forte ; et sans le
pétrole, le Timor n'est rien,
économiquement, et donc politiquement.
D'autre part, le départ des casques bleus
est prévu pour juin 2004 et certains
s'inquiètent de la stabilité du pays
après le retrait de cette force de «
surveillance ».
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