Quel type de
tourisme souhaitez-vous développer au Timor
oriental ?
Le Timor doit
encourager le développement d'un tourisme
durable. Nous devons nous inspirer de
l'expérience d'autres pays, bonne et
mauvaise, et en tirer les conséquences. Ce
qu'il faut à tout prix éviter, c'est
un tourisme de masse tel qu'il existe à
Bali. Les investissements envisagés devront
être avant tout bénéfiques pour
le pays. Nous ne voulons pas de gros « resorts
» ou complexes touristiques. Nous
développerons un tourisme plus exclusif,
plus respectueux de l'environnement, en impliquant
les communautés. Des guides locaux seront
formés (le processus est en cours) pour
accompagner les touristes. Pour le touriste, c'est
une façon de découvrir les rites et
traditions du pays. Pour le Timor, c'est une
manière de contrôler le
développement du tourisme. Il n'est pas
question de mettre des signes partout pour aider le
touriste, d'où l'intérêt
d'avoir un guide.
Vous parlez d'un
tourisme de luxe très encadré,
calqué sur le modèle du Boutan
?
Oui en effet ; nous
regardons d'ailleurs de près le cas du
Boutan pour nous en inspirer ; Le Boutan a
développé un tourisme respectueux de
l'environnement et de la culture locale,
s'inscrivant dans la lignée du projet STEP
(Sustainable Tourism for Eradication of Poverty)
(tourisme durable pour l'éradication de la
pauvreté). Le Timor oriental est une
nouvelle destination et les premiers touristes
s'attachent d'avantage à la qualité
du voyage qu'à son coût.
Quelle est la
situation actuelle du tourisme au Timor
?
Le Timor oriental
possède d'énormes atouts
touristiques. Des plages magnifiques, des sites
pour la plongée qui n'ont rien à
envier à la Grande barrière de
corail, des possibilités de faire du kayak
de mer, de la pêche ou randonnées et
ascensions de sommets, des vestiges coloniaux
Les infrastructures sont encore peu nombreuses mais
il existe déjà quelques destinations
qui offrent le nécessaire, notamment en
terme de logement. C'est le cas de Dili, de Baucau
sur la côte nord ou Suai au sud. Certains
sites comme Tutuala et Jako ne sont pas encore
« vendables » auprès du touriste
car il y manque jusqu'aux infrastructures de base.
Des agences de voyage locales pionnières
comme Mega Tours (créée en 2002), ou
étrangères, proposent des circuits
aux touristes. Par exemple, la pratique de la
plongée est déjà bien
développée sur l'île
d'Atauro.
Nous développons actuellement un site
internet officiel consacré au tourisme au
Timor oriental. En parallèle, l'Association
Nationale pour le Tourisme a été
fondée en 2003, pour créer et
dynamiser un réseau d'acteurs touristiques
locaux (hôtels, agents de voyage
).
Enfin, un Lonely Planet consacré
exclusivement au Timor oriental est normalement en
cours de préparation.
Des rumeurs
circulent sur la pression exercée par des
investisseurs pour l'implantation d'un casino sur
l'île de Jako
Comment comptez-vous
sauvegarder le patrimoine naturel du Timor contre
ce type de pressions ?
Ces rumeurs sont
fausses. Il n'y a eu aucune proposition en ce sens
et s'il y en avait, nous ne les recevrions pas. Il
n'y aura pas de casino sur Jako, point final. Il
existe une douzaine de sites protégés
par la loi au Timor oriental, malheureusement le
pays n'est pas encore en mesure de surveiller ces
lieux ni de condamner les hors-la-loi. Par exemple,
l'île de Jako est un site
protégé sur lequel il est interdit de
pêcher, de couper du bois ou de construire
des maisons ; or on sait que là-bas la loi
est régulièrement bafouée. La
création du premier parc national sur le
site de Jako et Tutuala sera d'ailleurs l'une de
nos priorités. Je le répète,
le Timor n'autorisera pas le développement
d'un tourisme qui pourrait nuire à son
environnement et à sa culture.
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