Leïla Shahshahani

journaliste indépendante

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MONT BLANC EXPRESS : BROSSE ET GIGNOUX FROLENT LE RECORD

Article paru dans Vertical (n°35, juillet 2003)

30 mai 2003. Top chrono, il est 6h06 du matin quand Stéphane Brosse et Pierre Gignoux quittent en courant la place de l'Eglise de Chamonix. Ils ont devant eux moins de 5h10 pour effectuer l'aller-retour au sommet du mont Blanc et détrôner le Suisse Pierre-André Gobet, détenteur du précédent record depuis 21 juillet 1990. A ces différences près : le défi n'est plus relevé en solo mais à deux et le principal moyen de déplacement utilisé n'est plus le pied mais le ski. Depuis trois ans qu'ils arpentent ensemble les compétitions de ski-alpinisme, Pierre et Stéphane forment une paire qui gagne.

Les registres tenus par la municipalité de Chamonix font état d'un premier record établi le 30 juillet1968 : 8h48 au chrono. Depuis, les tentatives se sont succédées, parfois en solo, parfois en cordée, mais toujours à pied. «La tentative de Brosse et Gignoux est bien la première tentative de record du mont Blanc en ski-alpinisme», confirme René Bozon, Président du club omnisports de Chamonix de 1967 à 1996. A vue de nez, Pierre et Stéphane estiment que le temps à ski pour un aller-retour au sommet sera supérieur à celui du marcheur. «On va moins vite à la montée et on ne rattrape pas forcément ce retard à la descente», explique Pierre Gignoux.

Après une saison de compétitions enchaînées, Pierre et Stéphane se tiennent sur le pied de guerre dans l'attente du créneau favorable. Fin avril, ils sont prêts, après une période d'acclimatation prolongée en altitude. Après quelques fausses plusieurs repérages et des séjours répétés au refuge des Grands Mulets, la tentative est confirmée pour le 30 mai. «On avait perdu le bénéfice de notre acclimatation mais gagné en forme physique grâce à nos entraînements en course à pied», raconte Pierre. Quant à l'état de la montagne, le bilan est mitigé : la neige a fondu avec les grosses chaleurs, obligeant à davantage de déchaussages, mais la face nord du mont Blanc, en excellente condition, devient skiable en un rien de temps.

Jeudi 29 mai. Après un petit briefing matinal à Chamonix, une vingtaine de bénévoles prend le chemin des Grands Mulets, emportant les bidons de boisson qu'ils distribueront le long du parcours aux deux coureurs. Les gardiens du refuge, Fred, Patrick et Béa, qui assistent aux préparatifs depuis plusieurs semaines, font partie intégrante de l'équipe. Le jour J, chacun est à son poste, de la place de l'église à Cham et au sommet du mont Blanc, avec le timing prévisionnel. Partis très vite sur la première partie du parcours, Stéphane et Pierre « laissent quelques plumes » entre la Jonction et les Grands Mulets (3 051 m). C'est surtout à partir du Grand Plateau que leur rythme ralentit et arrivés au refuge Vallot à 4 300 m, ils sont «cuits» ; il leur faut environ 37 minutes pour rejoindre le sommet du mont Blanc, ce qui est assez lent de l'avis des deux coureurs. Il est 10 h 14 quand ils atteignent le sommet : 4 h 04, donc, pour les 3 800 m de montée, contre 3 h 38 pour Pierre-André Gobet. Trois minutes de manip au sommet, puis la descente : la face Nord est avalée en sept minutes environ ; le reste est un peu plus chaotique : Pierre fait une chute sous le grand Plateau et Stéphane tombe avec un de ses skis déchaussés dans une petite crevasse au-dessus des Grands Mulets (dont il s'extrait seul rapidement). Au final, la descente aura duré 1h08, contre 1h32 pour Pierre-André Gobet.

Résultat des courses : 5h15. Le record n'est pas battu, mais Pierre et Stéphane sont maintenant convaincus que le skieur peut battre le marcheur sur ce défi du mont Blanc. Il y a donc comme «un petit goût d'inachevé» dans ce résultat, avoue Pierre Gignoux…

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