Leïla Shahshahani

journaliste indépendante

REPORTAGES 

 
RENCONTRE AVEC JOSE TEIXEIRA
Secrétaire d'Etat chargé du tourisme, de l'environnement et des investissements

 

 

 

Jose Teixeira (à gauche), à sa descente d'avion à Darwin (Australie). La compagnie australienne Airnorth assure des liaisons quotidiennes entre l'Australie et le Timor. L'autre entrée au Timor oriental se fait depuis l'Indonésie.

Quel type de tourisme souhaitez-vous développer au Timor oriental ?

Le Timor doit encourager le développement d'un tourisme durable. Nous devons nous inspirer de l'expérience d'autres pays, bonne et mauvaise, et en tirer les conséquences. Ce qu'il faut à tout prix éviter, c'est un tourisme de masse tel qu'il existe à Bali. Les investissements envisagés devront être avant tout bénéfiques pour le pays. Nous ne voulons pas de gros « resorts » ou complexes touristiques. Nous développerons un tourisme plus exclusif, plus respectueux de l'environnement, en impliquant les communautés. Des guides locaux seront formés (le processus est en cours) pour accompagner les touristes. Pour le touriste, c'est une façon de découvrir les rites et traditions du pays. Pour le Timor, c'est une manière de contrôler le développement du tourisme. Il n'est pas question de mettre des signes partout pour aider le touriste, d'où l'intérêt d'avoir un guide.

Vous parlez d'un tourisme de luxe très encadré, calqué sur le modèle du Boutan ?

Oui en effet ; nous regardons d'ailleurs de près le cas du Boutan pour nous en inspirer ; Le Boutan a développé un tourisme respectueux de l'environnement et de la culture locale, s'inscrivant dans la lignée du projet STEP (Sustainable Tourism for Eradication of Poverty) (tourisme durable pour l'éradication de la pauvreté). Le Timor oriental est une nouvelle destination et les premiers touristes s'attachent d'avantage à la qualité du voyage qu'à son coût.

Quelle est la situation actuelle du tourisme au Timor ?

Le Timor oriental possède d'énormes atouts touristiques. Des plages magnifiques, des sites pour la plongée qui n'ont rien à envier à la Grande barrière de corail, des possibilités de faire du kayak de mer, de la pêche ou randonnées et ascensions de sommets, des vestiges coloniaux… Les infrastructures sont encore peu nombreuses mais il existe déjà quelques destinations qui offrent le nécessaire, notamment en terme de logement. C'est le cas de Dili, de Baucau sur la côte nord ou Suai au sud. Certains sites comme Tutuala et Jako ne sont pas encore « vendables » auprès du touriste car il y manque jusqu'aux infrastructures de base. Des agences de voyage locales pionnières comme Mega Tours (créée en 2002), ou étrangères, proposent des circuits aux touristes. Par exemple, la pratique de la plongée est déjà bien développée sur l'île d'Atauro.
Nous développons actuellement un site internet officiel consacré au tourisme au Timor oriental. En parallèle, l'Association Nationale pour le Tourisme a été fondée en 2003, pour créer et dynamiser un réseau d'acteurs touristiques locaux (hôtels, agents de voyage…). Enfin, un Lonely Planet consacré exclusivement au Timor oriental est normalement en cours de préparation.

Des rumeurs circulent sur la pression exercée par des investisseurs pour l'implantation d'un casino sur l'île de Jako… Comment comptez-vous sauvegarder le patrimoine naturel du Timor contre ce type de pressions ?

Ces rumeurs sont fausses. Il n'y a eu aucune proposition en ce sens et s'il y en avait, nous ne les recevrions pas. Il n'y aura pas de casino sur Jako, point final. Il existe une douzaine de sites protégés par la loi au Timor oriental, malheureusement le pays n'est pas encore en mesure de surveiller ces lieux ni de condamner les hors-la-loi. Par exemple, l'île de Jako est un site protégé sur lequel il est interdit de pêcher, de couper du bois ou de construire des maisons ; or on sait que là-bas la loi est régulièrement bafouée. La création du premier parc national sur le site de Jako et Tutuala sera d'ailleurs l'une de nos priorités. Je le répète, le Timor n'autorisera pas le développement d'un tourisme qui pourrait nuire à son environnement et à sa culture.

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