Leïla Shahshahani

journaliste indépendante

REPORTAGES 
 
COURSE DU MONT CAMEROUN : UN 4000 EN SANDALETTES

Extrait paru dans Montagnes Magazine (n°281, mai 2004)

La Course de l'Espoir, ou Ascension du mont Cameroun, s'est déroulée dimanche 29 février dans la petite ville de Buéa. Réputée l'une des courses de montagne les plus éprouvantes, cette épreuve continue d'accueillir un petit contingent d'étrangers venus disputer le chrono aux coureurs camerounais ou du moins essayer.

Le schéma est simple : un départ au stade Molyko de Buéa, à 600 mètres d'altitude et une ascension continue de 3400 m pour rejoindre l'antécime du volcan, à 4000 m. La descente se fait sur le même itinéraire, 41,3 km au total. Pour le Français Eric Guyader, habitué du Grand Raid à la Réunion et autres marathons de montagne, l'Ascension du mont Cameroun reste la course la plus difficile.

Lorsqu'il franchit la ligne d'arrivée en 64ème position, Eric Guyader (le premier « blanc ») a plus d'une heure et quart de retard sur le Camerounais Charles Ngongapongha, vainqueur de cette édition 2004 en 4h30. Pour sa défense, l'enseignant Parisien précise qu'il s'entraîne sur les collines de l'Essonne. A chacun son handicap : les Camerounais les plus forts courent avec des sandales en plastiques ou au mieux, des baskets (de base) défoncées. Pour mémoire, le Suisse Pierre André Gobet, toujours détenteur du record du mont Blanc, a remporté l'épreuve en 1990, complétant le parcours en 4h44.

Comme beaucoup de choses au Cameroun, l'organisation de la Course de l'Espoir 2004 a révélé sa part de suspense et la date définitive de la compétition n'a été arrêtée qu'un petit mois avant l'événement. C'est l'une des raisons avancées pour expliquer la faible participation de cette année, avec 344 coureurs au lieu des 500 à 600 accueillis les années précédentes, et seulement douze étrangers, majoritairement Français. Sans compter le public, lui aussi moins fidèle. Au point que le quotidien d'opposition « Le Messager » écrit que « la Course de l'Espoir pour l'Afrique a sombré dans l'anonymat ».

L'ascension du mont Cameroun 2004 marque surtout la fin d'une génération : Sarah Etongué, habitante de Buéa, six fois championne chez les dames (et mère de sept enfants), est définitivement détrônée par Catherine Ngwang et annonce qu'elle se retire de la compétition. Chez les hommes aussi la relève semble déjà assurée puisqu'à 17 ans, Justin Tini réalise la course en 5h20.

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